Le thème de ce sujet est celui de la
forme, et le problème est la façon de
rendre intelligible l'évolution et la dynamique des formes. Par exemple en biologie il y a une diversité des formes, mais qu'y a-t-il à dire pour s'acheminer vers une intelligibilité de la diversité, et une intelligibilité des morphologies, et de leur croissance, et de leur stabilité, et par ailleurs est-ce que cette démarche est légitime. En s'orientant vers l'intelligibilité des formes, on dit donc que l'intelligibilité doit être
plus qu'un catalogue et une classification des formes, parce que l'intelligibilité, c'est
la loi de la forme.
Y a-t-il des lois de la forme, c'est à dire, y a-t-il
une nécessité dans l'ordre des formes ?
Mais bien que le problème de la forme soit critique en biologie, il concerne en réalité toute la phénoménalité du monde. Et alors on demande si la phénoménalité du monde est parent de l'intelligibilité formelle. Ainsi la physique légifère des formes, et par exemple un écoulement d'eau ou une
caustique de lumière, qui sont des formes, s'offrent en droit à l'enquête formelle et donc à la reconstruction par représentation : la reconstruction intelligente est possible, parce qu'on arrive à compresser le support de la représentation, de telle manière que la simulation des caustiques ne demandent pas par exemple la considération intégrale de tous les observables en situation. Les caustiques formées par un verre d'eau, en tant qu'elles sont représentées formellement, ne demandent pas une éventuelle connaissance exhaustive de la structure moléculaire du verre d'eau et de toutes les circonstances environnantes, car on a approximé une
identité formelle, celle des caustiques, ce qu'il faut pour avoir des caustiques, et c'est pourquoi on peut
simuler des
caustiques de manière procédurale.
Le point est donc d'interroger et de discuter les lois de la forme. D'un côté cela semble presque acquis (la physique existe), et de l'autre on se demande si c'est un heureux coup de chance régional, ou est-ce que c'est la structure même du monde (?) qui offre cette possibilité. C'est à dire, est-ce que l'univers appelle à une
cosmologie de formes douées d'unités formelles. Par conséquent le problème est épistémologique et métaphysique : 'il y a' une 'multitude', laquelle 'pousse' de l'intérieur, de laquelle 'dérive' une 'forme', etc. Plusieurs notions sont donc à définir, notamment celle de
la loi mais aussi celle de
la quête de l'intelligibilité.
Ce faisant, il est aussi question de la phénoménalité, c'est à dire la manifestation, c'est à dire l'apparaître (au sens phénoménologique, et non par opposition à l'être), et qui est l'expérience essentielle. Cela renvoie à l'expérience artistique.. quelle est alors la relation exacte entre l'intelligibilité conceptuelle et la capture artistique (libre jeu des facultés à l'occasion d'un objet que l'entendement ne parvient à subsumer sous aucun concept, tout en en suggérant à l'imagination une multitude et un tumulte de la rencontre). Et la question cosmologique se transforme : est-ce que
nous vivons une cosmologie ?
Et donc, le sujet est aussi une manière déguisée d'aborder ce problème classique (mais coriace), et qui est la place des mathématiques à saisir l'identité des formes. En somme, on redemande si la nature se lit par des caractères qui sont des triangles, des cercles et autres figures géométriques et sans le moyen desquels il serait humainement impossible d'en comprendre un mot.