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Question de Loki :
Qu'en est il d'un élément essentiel qui ne manquera d'être abordé par les futurs constructeurs de l'arche : L'ARMEMENT

J'y vois deux applications :
* L'éventuelle destruction/déviation de corps lancés en direction de l'arche lors de son périple (proba faible mais non nulle).
* L'éventuelle rencontre avec des ET peu amicaux ou intimidés, aux réactions imprévisibles.

Dommage de se prendre l'équivalent de quelques rudimentaires missiles ballistiques nucléaires, par une civilisation de notre niveau technologique, qui verrait en l'arche un envahisseur et appliquerait la règle du "frapper le premier au cas ou".
Dans les deux cas, les probas d'utilisation sont infimes, certes, mais est ce pour autant une raison d'ignorer cet aspect dans un tel projet?
Salut Loki,
concernant "l'éventuelle recontre" on va mettre cela de côté, dans la mesure où le système cible sera déja exploré par nanonsonde ou autre avant le départ de l'Arche. Le cas échéant, la nation dispose d'un savoir faire complet en terme d'industries mécaniques vu qu'à la base c'est indispensable à sa vie économique.
Concernant la rencontre hypothétique avec des corps solides (poussière... ou plus méchant) sur la trajectoire cela a été pls fois traité mais à ce propos ça fait longtemps que je voulais calculer la puissance radar de l'Arche et tu m'en donnes l'occasion.
Je remet déjà ici ce qui a déjà été discuté (sur le fil de discussion de l'article):
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Les poussières sont surtout présentes dans le milieu interplanétaire (poussière zodiacale).
On a pris une distance d’accélération-freinage Da = 1 al. Soit pour l’accélération seule, 0,5 al. Quand l’Arche dépassera le nuage de Oort, à x=3000 UA du Soleil, environ (1 UA = distance Terre Soleil, 150 Mkm), elle aura parcouru 10% de sa distance d’accélération. Comme on travaille à flux éjecté constant, l’accélération augmente progressivement au fur et à mesure que le vaisseau s’alège. On a pris une accélération moyenne de a0 = 2 mm/s². Très grossièrement, on peut se donner que sur la distance x=10% Da, l’accélération moyenne sera de 10% de la vitesse sera de 10% de a0. Soit a = 0,2 mm/s². La vitesse max de l’arche dans le milieu interplanétaire étandu sera de v=\sqrt{2ax}, soit dans les 420 km/s.
Et symétriquement pareil en rentrée dans le système stellaire de destination (qui présente probablement le même environnement poussiéreux).
Le milieu interstellaire a priori est sans risque. C’est réellement vide de chez vide. Mais on ne sait jamais, évidemment, on ne peut pas imaginer rester sans bouclier contre cette épée de Damoclès. Pour commencer j’ai essayé de simuler les dégâts occasionnés par un choc à disons 3000 km/s (c’était au départ la vitesse de pointe).
On imagine que le matériau du bouclier de carburant à l’avant (Glace d’H, Lithium, Bore…) possède une énergie de liaison de 1eV, typique d’une liaison covalente. Soit disons 1 GJ/m3. Je divise l’énergie du choc à 4500 km/s par l’énergie de liaison volumique pour avoir les dimension du cratère :
Taille du projectile / Profondeur du cratère
1 micron / 0,5 mm
1 mm / 50 cm
1 cm / 5 m
10 cm / 50 m
1 m / 500 m
Durant tout le voyage et notamment quand l’Arche sera à son maximum de vitesse en vol libre (à mi-trajet, à des années lumières de la Terre, donc sur des segments de trajectoire difficile à sonder d’ici concernant des corps aussi petits), on peut prévoir des sondes décamétriques en formation étagée, très loin en avant de la structure, qui scannent finement l’espace pour pulvériser tout ce qui dépasse le millimètre quitte à les percuter de plein fouet si on tombe sur un gros nonoss. On peut de la même façon concevoir une artillerie laser, ou de projectile plus classique, à la proue, pour le même usage (cf ci après).
Les différentes couches de l’Arche :
* à l’avant et dans le sens du mvt tu as le matelas de carburant (600 m). On peut même adopter l'option de mettre tous le carburant à l'avant soit plus d'1 km de glace... au départ.
* l’épiderme (80 cm d’un polymère de type latex + les passerelles d’inspection en aluminium)
* le sinus d’échange thermique (2-5 m d’eau)
* les parois (20 ou 60 m de fibres remplies d’eau)
* l’océan (10 m sous ballast)
(…)
L’impact
Il crée une onde de choc, c-a-d une surpression qui pulvérise de façon non directionnelle le matériau : ça part dans tous les sens. Vu qu’il s’agit d’un matériau très volatile (de la glace d’hydrogène) une fraction est absorbée par le changement d’état, ce qui diffère de la simulation qui représente une galette de poussières silicatées, au point de fusion élevé.
Si le projectile a une faible cohésion (il est lui même formé d’une boule de poussières), il est détruit par l’onde de choc qui le traverse. Sinon (cas d’un corps issue du noyau métallique différencié d’un corps plus gros) on le retrouve de l’autre coté mais sa “force d’emport” reste limité par sa section.
L’impact avec la parois de l’arche ensuite doit se raisonner effectivement en terme de propagation de l’onde de choc dans la parois. Le but est que ça cede localement avec un maximum de dépense énergétique mais que l’énergie dégagée par la rupture mécanique ne se propage pas. On peut faire le même raisonnement en partant non pas de la propagation de l’énergie mais des forces, le résultat est le même.
Prend une corde, formé d’un grand nombre d’éléments juxtaposés que l’on traite de deux façons : l’une où on l’enduit d’une résine rigide et l’autre d’un latex très mou (ou de rien du tout). Si un toron cede dans le premier cas, l’énergie de rupture va se propager de proche en proche et c’est toute la corde qui peut se rompre d’un coup. Si par contre les brins sont indépendants, lorsque l’un cede il le fait tout seul et le reste de la corde tient le coup. En bref : de la solidarité entre les éléments de structure, mais pas trop. C’est pour ça qu’un cable est plus sécurisant qu’une barre d’acier de même section. Le bois de ce point de vue est un matériau très bien élaboré. Il offre une très grand résistance à l’arrachement car la propagation de l’énergie libérée par les rupture moléculaire est sans cesse arrêtée par la structure fibreuse. Chacun a pu faire l’expérience du morceau de bois qu’on essaye en vain de casser et qui résiste par un petit faisceau de fibre intactes qui n’ont pas cédé en bloc avec les autres.
Et sinon, a plus grande échelle, du point de vue de la superstructure, la paroi est formé de fibres indépendantes. On reproduit ce qu’on a en petit. Le projectile ne peut rompre que sur la largeur de sa section.
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Bon, de ceci on retient que ça devient "sérieux" au dela d'1 cm (un seul cas de pose pas de pb mais il faut éviter que ça se reproduise trop souvent, donc chercher à s'en prémunir) et "très sévère" au dela d'1 m (un seul impact peut mettre l'arche en situation critique).
Deux solutions sont possibles face à un risque d'impact :
* le pulvériser
* se dérouter
Le pulvériser : on dispose d'une poutre centrale qui peut servir de support à un canon électromagnétique permettant d'accélérer de petits projectiles métalliques à plusieurs km seconde. Si c'est une cible décimétrique cela s'impose.
On peut également se servir du radar pour désagréger des fragments volatiles (issue par exemple d'un premier impact au canon EM) par effet de miroir à retournement temporel. Le principe : on projette loin devant (en s'aidant du canon EM) un projectile qui en explosant disperse un nuage de paillettes réfléchissantes micrométriques. L'impact ultérieur d'une partie d'entre elles avec le bouclier sera sans conséquences. L'écho du projectile est mesuré à travers ce nuage de diffusion et le signal résultant est renvoyé à puissance maximale en retournant le signal sur l'axe temporel (le premier élément du signal est mis en dernier). Le "top" résultant, parcourant le nuage diffusant est alors focalisé sur la cible (c'est magique !). On analyse l'écho radar résultant et on continue par salves successives sur chaque fragments jusqu'à volatilisation complète. La câblerie de l'Arche pourrait également jouer le rôle de milieu de diffusion, éventuellement.
Se dérouter : a priori l'Arche n'est pas faite pour slalomer

. Mais elle est quand même manœuvrable. Trois éléments sont nécessaires :
* pouvoir orienter la poutre d'un certain angle en peu de temps (qq minutes). Il faut des moteurs électriques dédiés de forte puissance capable de tirer sur les cables au signal. La géométrie de l'Arche admet un débattement d'environ 10° (0,17 rad)
* pouvoir déclencher la puissance moteur de l'ensemble de la corole en cette même durée, si on n'est plus en phase d'accélération, ce qui est le cas le plus probable. Cela nécessite des compétences impeccablement conservées au niveau de la motorisation pendant tous les siècles de la traversée.
Dans mon idée, il y aurait un exercice par an de trajectoire d'évitement, mais c'est pas moi qui décide...
* appliquer cette force exactement au centre géométrique de l'Arche. Un poussée parallèle à l'axe de rotation supporte un certain décentrement. Mais dès lors que l'on exerce cette poussée de biais, l'effet gyroscopique serait catastrophique. L'exigence de manœuvrabilité nécessite de positionner le palier central... au centre, au vrai barycentre et de lui donner une petite taille.
Moyennant quoi, avec un débattement de 10° et une poussée moteur de 8 Mt, on décentre la trajectoire du diamètre de l'arche (disons 10 km, même si la corole est plus vaste) en moins de 2h.
Il faut donc détecter l'intru 2h à l'avance.
A 4500 km/s, l'Arche parcourt dans cette durée 30 millions de km environ.
Voyons ce que ça nécessite comme puissance radar.
principes du radarLa distance minimale R pour pouvoir discriminer l'écho d'une cible de surface équivalente radar sigma est :

avec :
sigma la surface équivallente radar en m²
Ps la puissance émise (W)
Pe la puissance reçue minimale (W)
G le gain d'antenne (la directivité du faisceau radar à l'émission)
lambda la longueur d'onde émise (m)
Le gain d'antenne se calcule lui même :

avec
A la surface apparente de l'antenne
Ka un facteur d'efficacité (ici 1 pour simplifier)
On se situe dans un contexte assez idéal : pas d'atmosphère, pas de sol, pas d'émissions parasites.
Malgré tout ce n'est pas une mince affaire. Sur Terre les gros radars émettent une puissance de l'ordre de 100 kW. On passe à Ps = 1 MW. Pour la longueur d'onde, on va imaginer un radar "infra rouge" afin de diminuer R et prendre lambda = 1 micron. Pour le gain d'antennes on va se baser sur une très grande parabolle de prou de 200 m de diamètre, soit G ~ 10
-18. Pour la sensibilité Pe, actuellement on discrimine des signaux de -110 dBm. On passe à -120 dBM, soit un signal minimal de 10
-15 W.
Et pour sigma (la surface de la cible), on prend 1 cm²... Ce qui n'est vraiment pas beaucoup.
Avec ces données, on a :
R = 3.10
9 m (3 millions de km). C'est déjà pas mal, mais il s'en faut encore d'un ordre de grandeur. Avec une parabole émettant à cette puissance, on peut détecter un corps de 1 m² à 30 millions de km mais pas une bille de glace ni même une boule de neige.
La parabole radar de prou est juste suffisante pour prévenir les chocs 'métriques', ceux vraiment critiques qui peuvent remettre en cause de façon sérieuse l'intégrité de la structure. Pour les chocs simplement "sévères", il faut placer des sondes radar avancées à qq dizaines de millions de km en avant et qui donnent l'alerte pour les corps centimétriques.
a+
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code latex :
R = \sqrt[4]{\frac{P_sG^2\lambda^2\sigma}{P_e(4\pi)^3}}
G = \frac{4\pi.A.K_a}{\lambda^2}