Les formes et la façon avec laquelle nous comprenons les phénomènes du monde constituent le thème de ce sujet. Il est donc proche de celui sur
La loi de la forme, mais tandis que ce dernier est plus orienté vers l'épistémologie et la métaphysique, celui-ci se dirige vers la
cognition elle-même (mais comment ne pas se rencontrer en chemin).
On peut par exemple se demander si chaque discipline scientifique possède ses propres formes d'intelligibilité, lesquelles deviendraient dépourvues de sens ou impraticables si appliquées à un autre champs d'étude. Ainsi en biologie on parle d'évolution, de sélection, de reproduction, etc. Est-ce que la sélection ou la reproduction sont des notions-comportements spécifiques aux organisme biologiques, et est-ce que la pertinence de leur emploi exige la stricte référence biologique ?
Pour répondre on peut compulser la littérature des autres domaines, et alors on constate que des concepts tels l'évolution, la sélection, la subjectivité et même le darwinisme sont des concepts utilisés en.. physique quantique. Les termes "évolution" et "sélection" réfèrent alors à des types de processus qui peuvent rendre intelligibles des observations autrement problématiques. Ainsi le champ d'étude qui travaille à rendre compte de l'émergence de la classicité physique ("le monde macroscopique") depuis les processus quantiques, et ensuite la refondation d'une objectivité qui considère les problématiques de la mesure et de l'observation, sont des domaines où il y a 'des sélections préférentielles' d'observables particulier, où il y a une 'prise en compte de l'environnement', lequel n'est plus parasite mais traceur de stabilité, et où l'intelligence de cette dynamique n'introduit pas de 'force' mais prend au sérieux la tactilité des mondes des éléments microscopiques, comme pour décrire une faune en compétition avec des éléments sortant.. Voir par exemple le spectaculaire papier collectif, H. Ollivier, D. Poulin, and W. H. Zurek,
Objective properties from subjective quantum states: Environment as a witness, Phys. Rev. Lett., 93, 220401 (2004).
Mais si on peut constater des affinités de regard entre des disciplines contemporaines, on peut aussi constater une stabilité du questionnement à travers l'histoire des idées, qui se perpétue jusqu'à ces disciplines contemporaines, comme par exemple les métaphysiques de Parménide d'un côté et d'Héraclite de l'autre : qu'est-ce que le changement? Y a-t-il du changement? Une théorie des formes est-elle contradictoire? Comment concilier diversité des formes et noyaux intelligibles invariants? Y a-t-il un sol Un qui enfante la multitude? Mais alors pourquoi la perception située?
Ces questions considérées littéralement concernent d'abord le sujet sur
La loi de la forme. Mais ici, elles sont l'occasion de demander s'il y a
une communauté dans les manières avec lesquelles nous nous adressons au monde.
Ainsi plus haut il était question de "niveau fondamental" parce que "depuis le bas" : est-ce que le fondamental est par essence "depuis le bas"? Est-ce que des intelligences extraterrestres cherchent le fondamental depuis le bas, est-ce que leur microscopique enfante leur macroscopique.
Ailleurs on a demandé si nous vivions une cosmologie. Ici on peut demander, est-ce que nos pensées ont une charge d'univers.
Entre les intelligences lointaines et nos questionnements terrestres, on peut déjà s'interroger sur
le rôle du corps dans les structures d'intelligibilité : est-ce que le fait que nous marchions y est pour quelque chose ? Est-ce que se tenir debout sur le sol préfigure
une unité de style dans la vision du monde. Et ensuite, viennent les concepts de symétrie, de correspondance terme à terme, de chemin continu, de germe de courbure, .., qui sont des concepts à forte ubiquité dans les mathématiques et la physique : ces concepts tiennent-ils la possibilité de leur formulation grâce à la structure du corps? Le corps est-il une concentration d'universel ou un segment local? D'autres corps sont-ils possibles? Mais ce corps n'est-il pas un moment de la physicité? Tient-il d'elle une possibilité d'universalité?