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Message baptiste R le 11 Mai 2007 15:52

Bonjour,

Lorsqu'on cherche à mettre en forme une idée et à l'expliquer, on utilise souvent pour l'articuler un certain nombre de notions, qui fonctionnent souvent par couples : a priori et a posteriori, matière et forme, médiat et immédiat, cause et effet, droit (ou principe) et fait, apparence et essence, contingence et nécessité, etc.

Ces concepts ont été forgés au cours du temps par les philosophes. Au départ, c'est souvent un philosophe qui invente un concept (ou alors c'est une manière de voir immémoriale et naturelle à l'homme... je dérive mais un philosophe invente-t-il de nouvelles manières de voir le monde, où ne fait-il que clarifier des choses déjà existantes ?), puis il passe dans la tradition et devient un outil pour l'édification d'une nouvelle doctrine. Pour le philosophe (ou celui qui a une culture philosophique, ce qui est au fond le cas de tout le monde, même inconsciemment, puisque ce sont pour beaucoup des manières de pensée passées dans le langage courant), ce sont des outils de pensée commodes et discrets, et justement un peu trop commodes et discrets : on utilise ce vaste arsenal de concepts spontanément, sans beaucoup réfléchir à sa pertinence et à sa légitimité. Dans certains cas, on s'aperçoit que tout ça n'est pas très clair et on prend garde à son usage (ainsi, la nécessité ou la causalité donnent lieu à une vaste littérature), mais la plupart du temps cette boite à outils conceptuelle oriente notre façon de voir et on n'imagine plus d'alternative, tellement on s'est enfermé dans ces couples de notions. Bien sûr, ils peuvent avoir une certaine pertinence. Mais perso, quand je m'arrête quelques minutes, je ne sais plus du tout ce que ça veut dire, au fond, que la sensibilité est immédiate et l'entendement médiat, qu'il y a des savoirs a priori, c'est-à-dire indépendants de l'expérience, ou qu'il y a des choses de fait et des choses de principe.

On pourra réfléchir à ces concepts en général : légitimité, pertinence, dangers, tentative de clarification, déclaration solonnelle d'obsolescence, tout ça. Une question que je me pose également, c'est : pourquoi pense-t-on si souvent par couples d'opposés, même dans l'abstraction (lieu où l'on pourrait supposer être libre de penser comme on veut) ? Ou encore, effarons-nous un instant de la vieillesse de la philosophie. N'importe quel bouquin est le fruit de deux mille cinq cent ans de bricolage et de raffinement conceptuel, si bien qu'on peut s'inquiéter de la solidité d'un tel ensemble de strates. A contrario, émerveillons-nous qu'il y ait une histoire de la philosophie, une continuité indéniable, des intuitions fondamentales semblables.
Ou bien on pourra s'interroger plus particulièrement sur des concepts précis (et même, soyons fous, converser à partir d'eux - par exemple, la question de l'a priori me semble cruciale)).

L'expérience des vieux routards de la philosophie sera utile (après vingt-cinq ans passés à developper le lobe platonal, trouvent-ils que parler de "médiat" a un sens quelconque ?). Mais puisqu'il est question d'habitude machinale et de conventions ininterrogées, l'avis d'un béotien ou d'un persan sur les moeurs philosophiques serait précieux (un type qui n'a jamais entendu parler d'a priori (Arumbayas, enfants, ET, IA, à moi !! ) trouvera-t-il ça con ?)



Message xantox Site Admin le 14 Mai 2007 09:16

Les concepts hérités par la tradition peuvent être veçus comme un poids et un enfermement, or pour s'en libérer, il faut "vivre la vérité avant de la comprendre". C'est ainsi que l'on rejoint significativement la tradition, et que la logique et le langage se remettent à fonctionner en devenant des chaînes d'arpenteur, des yeux et des mains qui se mesurent au monde.

Il faut en passer par là : d'abord la phase où l'on réalise que le concept est insensé, ce qui signale que l'on a commencé à arpenter. Ensuite la phase où l'on réalise avoir établi une nouvelle carte du territoire. Puis de nouveau l'étape interprétative, où l'on retrouve un sens au concept initial et qu'on peut éventuellement dépasser. Ceci ne rend pas nécessairement le concept obsolète, mais lui donne une sorte de fonction initiatique et de passage, comme si son imperfection était une chance, car instrument du doute.

Concernant le raisonnement par opposés. Le raisonnement abstrait, qui tend vers l'élémentarité, identifie des opérateurs logiques comme l'identité et la négation, dont la possibilité est offerte par la réalité physique et non pas par une capacité sur-naturelle de la raison humaine. Par l'établissement de relations arbitraires, on peut identifier des catégories de faits et les diviser en vrais et faux, les faits qui ne sont pas vrais étant faux (tiers exclu). Et la disjonction étant associative, on peut de manière équivalente énumérer des alternatives ou procéder par dichotomies répétées. Nombre de routes mènent à destination, pour autant qu'elles soient parcourues jusqu'au bout.



Message paradox le 15 Août 2007 13:09

La dichotomie est indispensable pour tout objet, y compris intellectuel : ce sont les limites même de l'objet, ce qui permet de le définir d'une manière quasi géographique : la vérité de l'objet est entre les deux limites (évidence).

En outre, il est possible de définir l'objet exploré selon plusieurs dimensions qui, elles-mêmes, auront deux limites, parce que tout objet de ce monde est volumineux.

Ce n'est donc pas une façon élaborée, voire conceptualisée, de raisonnement, mais le simple reflet de notre réalité; ensuite, la clairevoyance, ou simplement la lucidité de l'auteur du raisonnement, voire même son intuition, donneront de la pertinence à l'idée développée, pertinence qui demande alors une reconnaissance par autrui, par celui qui voit ce que l'autre ne voit pas (car l'objet étant un volume, je ne peux voir que ce qui m'est perceptible de mon point de vue), ou bien encore, reconnaissance par autrui de mes conjectures sur l'invisibilité de l'objet de référence. :jap:




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